J’entrouve presque avec timidité les fenêtres de ce blog. Je n’ai pas pensé à le fermer, à l’arrêter, juste : je n’écrivais plus.
C’est que j’en ai eu marre de ma douleur. Je ne l’ai pas canalisée. Elle m’a submergée. Elle était là, tout le temps. Elle a tout gâché, tout ruiné. Je sais aussi que c’est pour ça qu’on vient me lire ici. Plus que pour quand je partage des petites choses de déco, des nouveaux jouets, que sais-je. C’était un espace que je voulais plus ouvert. Mais c’est la douleur qui m’a plus souvent fait prendre la plume jusque là. Et il y a 2 ans, elle est devenue bien trop grosse.
Il y a surtout tout ce que je n’ai pas réussi à vous dire. Sur cette année de CP pour mon grand il y a 2 ans, tellement horrible, qui nous a traumatisé. Les mots prononcés, si durs, si faux. Le portrait erroné qu’ils ont voulu dresser à tout le monde. Le harcèlement psychologique. Les menaces. Les cris. Le jugement. J’aurais aimé vous en raconter plus à l’époque. C’était douloureux. J’ai posé quelques textes sur Instagram, pas plus.
Mais la réalité ? J’avais peur. J’avais peur que quelquechose soit utilisée contre nous. J’avais peur que des gens qui juste n’ont pas la même vision que nous sur l’inclusion s’arroge la scolarité de notre enfant. Et même au-delà de la scolarité. Une peur réelle, et justifiée. Je n’aurais jamais cru que l’École avec un grand É pouvait faire ça. Et pourtant. Cette année scolaire là s’est terminée dans les cris. Pas les miens. On nous a hurlé dessus.
Les vacances d’été devaient sonner comme une libération. Quelques jours après, mon fils est tombé malade. Les urgences, l’hôpital, les diagnostics, la panique. Des jours et des jours d’angoisse. De quoi te faire relativiser brusquement, aussi. Le pire. Qui s’est arrangé, nous laissant tous encore hagard de cette épreuve. Avec un détachement et un recul sur le reste.
Depuis, de l’eau a un peu coulé sous les ponts. Nous avons dû rester dans la même école pourtant. Mais nous avons dénoncé les agissements. Notre grand garçon est passé en CE1, un nouvel instituteur prêt à lui accorder une place. Nous avons eu enfin une place dans un SESSAD, qui nous soutient vraiment. Ils ont pris le relais de la relation avec l’école, leur médiation a été essentielle. Disons qu’il est facile de nier la parole des parents, moins des professionnels de prise en charge qui pourtant disent la même chose.
Surtout, mon grand a continué à s’épanouir. Ses progrès sont réels et ne peuvent pas être niés. Ses frères ont grandi. Le rythme a changé. Petit à petit, je me suis détachée de la pression de l’école. Des soucis de santé sont venus obscurcir de nouveau l’horizon, charriant avec eux une lassitude toujours plus grande. Mais toujours un recentrage : l’essentiel n’est pas là où je perdais mon énergie.
Et puis en parallèle j’ai eu moins de temps, beaucoup moins de temps. Un nouveau travail, enfin. Loin. Alors l’organisation à mettre en place. Millimétrée. Plus que ça même. Plus une seule seconde pour penser à autre chose. C’est à la fois bien, à la fois moins bien. Je m’épuise toujours, mais différemment. Très différemment. Il y a autre chose, autre chose qui ouvre le champ des possibles.
L’année scolaire s’est passée. Sans trop de vagues. Sans trop d’enthousiasme de mon côté, mais sans trop de vagues. C’était déjà ça. Une forme d’apaisement est apparue. Des recherches sur Le bon coin de plus en plus fréquentes. Et puis un jour, un peu sur un coup de tête, une visite de maison. Le début d’un nouveau projet.
J’ai toujours eu le besoin d’écrire. Je n’en avais plus la force pour parler de ma vie. Alors j’ai privilégié d’autres sujets, et c’est tellement gratifiant aussi.
Mais l’envie de partager revient. Alors me voilà.
15 comments
Contente de te relire. Vous avez vécu des choses bien difficiles et ça semble bien normal que tu ai eu besoin de t’éloigner. Maintenant dans une autre configuration, écrire à nouveau t’apportera peut être de l’air frais en tout cas je te le souhaite et surtout je vous souhaite que les progrès continuent encore mais ça a l’air bien parti ❤️
Je ne dirais pas que c’était « normal », mais je n’avais plus l’énergie, et la peur aussi. Je suis contente que nous en soyons aujourd’hui à une autre étape.
J’aime toujours te lire aussi battante et badass
<3 <3 <3
Je te comprends à 1000% au sujet de ne pas revenir raconter ici tellement on souffre de la situation et tellement finalement il faut la vivre pour la comprendre. Moi j’ai mis trop de temps à arrêter de me rendre malade pour la scolarité de mon fils. J’ai lâché l’année dernière quand il était en seconde ! Là il est entre en 1ère et à même pas un mois de la rentrée je me suis fait peur il y a qq jours. Mais vite je me suis dit « lâche, lâche ». Il va bien c’est tout ce qui compte.
Bref je te comprends.
« Il va bien c’est tout ce qui compte ». Tu as tellement raison. J’en veux encore beaucoup à l’Ecole de réussir trop souvent à nous faire douter de ce point. On n’est pas malheureux ou en échec simplement parce qu’on ne rentre pas dans le moule. C’est trop réducteur, et c’est surtout très faux. Mais c’est dur de sortir son esprit de ce schéma qu’on nous a inculqué.
Well come back ! ❤
Merci <3 J'ai publié sur Culture déconfiture aussi tu as vu !
Heureuse de te relire et navrée de lire ce qu’on a pu lire entre les lignes ces dernières années. En tous cas même si les années filent et charrient leur lot de difficultés, je suis heureuse de lire qu’elles portent en elles des projets.
Je suis contente que nous en soyons là aujourd’hui oui. Demain je ne sais pas ce qu’il y aura mais pour la première fois depuis longtemps j’arrive un peu à profiter d’aujourd’hui.
« Je m’épuise toujours, mais différemment. Très différemment. » pour moi c’est comme cette impossibilité de profiter du calme après la tempête de peur que la tempête revienne donc autant rester sur le pont
Plein de courage à vous et bravo pour tout ce que vous avez déjà accompli
Il y a un peu de ça, c’est vrai ! Et puis notre quotidien reste très rempli aussi, et on s’en rajoute même volontairement ^^
Je comprends. Parler de la maladie, des difficultés, cela libère mais cela nous fait revivre aussi les moments difficiles. Alors, parfois, comme tu le dis, on a encore tout juste assez d’énergie pour assurer le quotidien.
Puis, il y a ce projet incroyable avec la nouvelle maison, un nouveau travail pour toi ! Bon courage pour ces nouveaux défis !
C’est ça oui, le quotidien est déjà parfois si lourd… Et c’est aussi compliqué des fois de voir noir sur blanc qu’on en est toujours là au bout de tant d’années…
Je suis contente de te relire. C’est tellement difficile la relation aux autres lorsque notre enfant est extraordinaire. Mais comme tu le dis si bien, l’essentiel est ailleurs, même si prendre du recul n’est pas toujours simple. Je suis heureuse de lire que ton fils s’épanouie chaque jour un peu plus et que tu arrives à avoir d’autres projets. Hâte de suivre vos aventures avec la maison déjà !