Sur Instagram, ma copine @laura.du.siphon a repris une jolie idée d’une de ses lectrices et de partager un récit de ses accouchements. En 6 mots. Un drôle d’exercice pour une bavarde comme elle. Un drôle d’exercice pour une autre grande bavarde, @pinketgreen, qui l’a aussi fait. J’ai tout de suite adoré l’idée.
Sauf que je suis une grande bavarde moi aussi. Vous le savez. J’ai parlé de mes accouchements ici déjà. Mais si j’aime ce genre de projet créatif et introspectif, j’aime aussi, je l’avoue, casser le cadre un peu étroit pour moi d’une légende Instagram. Donc ces 6 mots pour chacun de mes accouchements, je vous les livre ici. Avec explication de texte en bonus du coup.
2014, la naissance de mon fils aîné
STUPEUR
Forcément. Mon premier accouchement, je ne l’avais pas imaginé comme ça. J’imaginais les contractions, la perte des eaux, le départ pour la maternité avec excitation. Pas le coup de fil., pas le « Il va falloir venir, on vous déclenche. Ne paniquez pas, mais rappelez quand même dès que vous avez ce message ».
ÉVIDENCE
À la seconde où mon fils est né, je n’ai pas ressenti de vague d’amour fou qui te fait mouiller les yeux. Juste un grand calme : l’évidence. Il était là, mais il avait toujours été là. Il était là et tout était évident. C’était lui. C’était lui depuis toujours. Mon évidence.
POIDS
Le poids de son corps sur mon ventre. Ces quelques secondes où je l’ai eu contre moi, sur moi, à moi. Quasiment notre unique contact avant 3 longs jours. Cette sensation qui me poursuivra des mois.
INCOMPRÉHENSION
Il était juste sorti de la salle pour les soins. Il est revenu dans cette boîte sans que je n’y comprenne rien. J’ai touché sa petite main à travers la vitre sans rien comprendre. Je me suis enfoncée dans la nuit sans rien comprendre. J’ai traversé tous les jours, les semaines, les mois, les années après sa naissance sans rien comprendre.
DOULEUR
Non, je ne pensais pas qu’on pouvait avoir aussi mal. Qu’on pouvait avoir envie que son corps lâche pour tout laisser aller. Je ne pensais pas finalement qu’on pouvait mourir en donnant la vie. Ce thrombus a ouvert la voie, que rien n’était prévisible.
LIGNE DE FAILLE
Ma vie s’est coupée en 2 quand j’ai accouché de mon fils aîné. Je suis devenue mère. J’ai failli mourir. Mon fils s’est retrouvé à l’hôpital pour un diagnostic de maladie rare. Il y a eu un avant. Il y a eu un après.
2017, la naissance de mes petits
INCROYABLE
Tout simplement. Accoucher de 2 bébés. 2. En bonne santé, par voie basse comme je le voulais, comme j’en rêvais. Sans presque mourir cette fois, jolie perf. C’était une expérience incroyable, et incroyable est le seul mot qui convienne.
PEUR
Oui car j’ai eu peur. C’est que je savais cette fois. Je savais qu’à chaque accouchement, il n’y a pas automatiquement le happy end, chaleur du liquide amniotique sur les cuisses et petits doigts fripés sur la poitrine. Alors oui, j’ai eu peur, si peur.
ACCOMPAGNEMENT
Dans cet inconnu qu’est un accouchement, j’ai eu de la chance. D’être accompagnée. Par l’homme qui avait vu notre vie, nos projets, basculer la fois d’avant. Par une équipe bienveillante, qui a su éviter que la peur ne m’étouffe. Qui a su me rassurer, m’épauler, me soutenir.
ÉMOTION
Et cette fois-ci, cette vague d’amour déferlante. Cette émotion qui m’a pris la gorge quand j’ai attrapé mon premier fils. Quand on m’a donné le second dans les bras. Cette sensation d’infinie gratitude pour ce que je venais de vivre et de les accueillir comme ça dans la vie, dans ma vie.
PEAU A PEAU
Ce dont j’avais été privé. Ce peau à peau que j’avais tant rêvé. Cette fusion en trio qui m’a apaisé totalement. Il n’y avait que nous. Ils étaient là, sur moi, ma peau s’enivrant de ressentir leur chaleur.
RÉPARATION
J’ai vécu un tel apaisement avec cet accouchement. Il m’a réparé, il a recollé les milles petits morceaux de moi, même les fissures restent comme des cicatrices légères. Il m’a libéré.
Voilà pour ce si bel exercice.
N’hésitez pas à me dire vous aussi vos 6 mots en commentaires <3
4 comments
Le problème quand on propose ce genre d’exercice aux gens, c’est qu’on s’expose à la lecture, au déferlement, une avalanche de sentiments puissants et parfois contradictoires. C’est le principe de la nostalgie. ❤️ Merci pour cet émouvant billet introspectif.
Merci de l’avoir proposé sur Instagram <3 Et ça a donné lieu à une jolie discussion avec mon mec sur le sujet, il a fait l'exercice aussi et c'était vraiment sympa de voir les mots qu'il proposait, proches des miens mais pas identiques.
Oh là là, trop dur de trouver mes six mots mais je crois que certains sont assez similaires à ceux de ton premier accouchement.
C’est un exercice intéressant je trouve… même si on est beaucoup à ce que ça ne soit pas « amour, paillettes, joie, bonheur, arc-en-ciel, licorne » !