Ce billet me trotte dans la tête depuis un moment, mais j’ai eu du mal à le rédiger. Pas forcément facile pour moi de parler d’une association, car c’est un monde que je connais peu, dans lequel je ne suis pas engagée. Oui, mais quand mon fils a été hospitalisé à Necker, j’ai eu l’occasion de rencontrer de très près l’association Main dans la main et solidaires.
Pour la partie “présentation” : Main dans la main est une association qui a pour mission d’accompagner les enfants hospitalisés. Elle existe depuis plus de 25 ans, et les bénévoles assurent leur mission dans les services pédiatriques des hôpitaux parisiens. Ma maman a eu l’occasion de discuter avec une de ces bénévoles : les critères pour devenir bénévoles sont drastiques, les gens s’engagent sur 1 année complète à venir toutes les semaines, et surtout il y a des bénévoles présents tous les jours. Oui, absolument tous les jours, week-ends et vacances inclus.
Quand nous sommes arrivés à Necker, j’ai regardé d’un drôle d’oeil ces bénévoles. Déjà je ne comprenais pas leur rôle, l’intérêt de leur mission. Et puis je trouvais ça bizarre cet engagement. Non mais sérieux, venir câliner les bébés des autres ? C’est pas un truc super strange ? Leurs motivations m’étaient inconnues, j’étais pleine d’a-priori : des gens en mal d’enfants, des personnes ayant vécu un drame qu’elles ne dépassaient pas, des retraités qui ne savaient pas quoi faire pour passer le temps… C’était sa ma vision, je ne voyais pas plus loin. Surtout, j’étais en colère d’être là, je ne voulais pas voir l’aide qui existait, je voulais juste partir, qu’on me foute la paix avec mon bébé.
Et puis un dimanche matin, je suis arrivée mon fils était dans les bras d’une jeune fille de l’association Main dans la main. Et là j’ai compris. Que leur rôle était primordial. Que je n’en avais rien à foutre des raisons qui les avaient poussé à être bénévoles, que c’était juste admirable qu’ils soient là, tout simplement. Parce que oui, je n’étais pas là en permanence à côté de mon bébé à l’hôpital (c’est difficile à vivre d’ailleurs, je vous en parlerais un de ces 4, car niveau culpabilité bonjour). Parce que oui, ça m’a fait du bien de penser que parfois, quelqu’un le prenait dans les bras quand les infirmières avaient trop à faire, pour le câliner, car il le méritait, il en avait besoin, que j’en crevais de ne pas être là en permanence. Entendre les enfants pleurer dans un hôpital, seuls, c’est un crève-coeur… Effectivement, une association comme Main dans la main est juste un maillon indispensable de ce milieu “médical”, car justement au milieu de tous les examens, les patients à voir et à gérer, c’est l’humain, l’émotion, qui peut parfois être oublié. Et justement, ce sont eux qui prennent le relais. Apportent un peu autre chose à l’hôpital.
Lors d’une seconde hospitalisation, beaucoup moins stressante, nous avons eu l’occasion de discuter avec une bénévole de l’association Main dans la main. Une bénévole qui parlait un peu beaucoup, qui s’immisçait un peu, qui en disait trop sur ce qu’elle avait pu vivre dans ce service. Qui je pense avait besoin de “lâcher” un peu les vannes auprès d’un enfant et de ses parents qui manifestement “allaient bien à ce moment là”. Elle nous a glissé que son fils à elle était décédé, au détour d’une conversation assez légère, c’était un peu gênant. Et d’un coup, elle a reconnu mon fils. “Mais… ce n’était pas ce petit garçon qui pleurait tellement au bout du couloir en décembre ?”. Si. C’était lui. Son regard s’est voilé. Mon cœur a explosé. Je me suis demandée comment elle faisait. Pour avoir autant d’abnégation, pour revenir chaque semaine dans ce service, pour continuer à s’investir. Je me suis dit que c’était dur tout ça, pour tout le monde, on ne vient pas dans un hôpital “comme ça”. Quel courage cet engagement. Moi qui pensait ne pas y croire, ne pas en avoir besoin… Mais si.
Par ce petit billet décousu, je voulais dire merci simplement.