C’était une drôle de journée.
Celle que tu n’imagines jamais vivre dans ta vie. Encore moins avec ton enfant tranquillement installé sur une chaise et te lisant quelques pages de son bouquin de classe. Classe qu’il a dû rater aujourd’hui, pour être là, à attendre dans ce couloir du tribunal.
Je ne sais pas exactement comment se sont enchaînées les choses. Comment j’ai fini par me dire que oui, on irait jusque là. J’irais jusque là. Dans ce tribunal pas du tout aussi classe que ce que m’avaient vendu les émissions TV, mais enfin.
Il a fallu beaucoup de désillusions. Beaucoup beaucoup. De coups de poignards dans le dos, dans le cœur. L’injustice qui me serre le cœur. Si fort. Le système qui t’écrase sans un regard.
Quand j’ai parlé d’aller en justice pour défendre les droits de mon fils, on m’a questionné. Pourquoi faire ? Est-ce que ça allait tellement changer les choses ? Et surtout : est-ce que ça « valait le coup » de se lancer là-dedans ?
Honnêtement je n’ai pas de réponse toute faite. Je me suis questionnée, beaucoup. Pas de naïveté : je savais que ça n’allait pas révolutionner les choses dans notre quotidien. Pas pour mon fils, pas pour les autres. Mais. J’ai fini par comprendre que pour moi, dans notre situation, je ne pouvais pas faire autrement. Juste, je ne pouvais pas. Le besoin de faire constater que oui le système est défaillant. Et que derrière, au-delà des lois non appliquées, des gens souffrent.
C’est comme ça que quelques mois après, après cette année terrible, après tellement de souffrance… Après avoir été méprisée, pas écoutée, ignorée. Après avoir constaté à quel point les institutions pouvaient s’asseoir sur tes droits. Pire. Ceux de mon fils. Me dire clairement, distinctement, sans honte « oui effectivement la loi dit que, mais non, on ne le fera pas ». Après tellement…
On était là, tous les 3. À attendre dans cette salle d’attente pas folichonne que l’audience se passe. Pas envie d’y assister, pourquoi aurais-je encore envie d’entendre la justification des discriminations ? Pourquoi imposer ça à mon fils de 7 ans ? Alors on a juste attendu que notre avocat plaide pour nous. À ne pas trop comprendre pourquoi on était là. Sûrement plus pour le symbole qu’autre chose. Un cataplasme sur la jambe de bois de la société inclusive. Mais enfin. On se raccroche à ce qu’on a. Surtout on prépare la suite. Rien n’a jamais été simple. Rien ne le sera. Mais enfin.
Nous n’avons pas eu de réponse immédiate, nous verrons bien. Mais les quelques mots de l’avocat à la sortie ont soulevé le poids sur mon cœur. J’aurais été au bout.
Nous verrons.
Mais j’aurais été au bout.
Cette fois-là en tout cas.
6 comments
Quelle tristesse de devoir en arriver là, pour simplement l’application de la loi ….
Total soutien à toi. <3
Oui, c’est d’une tristesse affligeante…
Respect, immense respect envers vous, voila ce que je ressens en lisant vos posts depuis quelque temps déjà.
Et envie de vous dire MERCI, tout simplement.
Merci beaucoup Catherine <3
Bravo à toi de mener le combat jusque là, car c’est grâce à des personnes comme toi que les choses bougent. Perso, je n’ai pas et je n’aurai jamais cette force. Alors MERCI de le faire pour toutes les familles qui n’y arrivent pas.
Merci beaucoup <3 Je comprends tellement, c'est effectivement un combat "en plus" à mener et il n'apporte pas de solution miracle.