Dire que j’ai un peu déserté par ici est un euphémisme. La dernière fois que j’écrivais, c’était juste après le tribunal. De ce moment si bizarre, de cette action si étonnante. Attaquer une institution de l’Etat, ce n’était pas vraiment dans mes plans. Pas vraiment dans ce que j’imaginais possible dans notre pays. Naïve naïve.
Suite à ce jour d’octobre on a attendu un moment. J’ai relancé notre avocat à la date convenue. Il n’avait pas de nouvelles. On a attendu encore. Je savais que ça allait arriver, que ça ne chamboulerait pas tout. Mais le sentiment d’inachevé, d’attente. Cette attente, encore et toujours. Insidieuse, qui te colle à la peau.
Et le courrier qui est arrivé à la maison le vendredi 31 décembre. Ça ne s’invente pas une date pareille n’est-ce pas ? L’ultime jour de l’année. L’ultime jour de cette année où nous avons vécu l’horreur avec l’école, de cette année où nous avons vu l’horizon s’éclaircir sur d’autres sujets tellement importants.
L’enveloppe donc. On l’ouvre, du blabla juridique. Et noir sur blanc : on a eu gain de cause. Nous avons gagné. La MDPH (Maison Départementale du Handicap) est bien condamnée à faire pour notre enfant son Plan Personnalisé de Scolarisation (PPS pour les initiés). Elle n’a pas le droit de refuser de le faire au prétexte qu’elle n’a pas envie (et oui, malgré ce que dit la loi). Logiquement, légitimement, nous avons eu gain de cause.
Les larmes qui ont coulé, toutes seules. Non, ça ne change pas la vie. Non, ça ne change pas la scolarité de notre fils, les hauts et les bas, l’inclusion à géométrie variable qui va continuer à maltraiter nos cœurs au gré des envies des Institutions et des personnes. Non.
Mais quand même.
Nous avons eu gain de cause. Nous avons le droit de réclamer que la loi soit appliquée, d’avoir un PPS en bonne et dûe forme, seul document opposable juridiquement. La MDPH face à nous n’a pas à ne pas défendre les droits de nos enfants sous prétexte que ça ne l’arrange pas ou que sais-je. C’est important. En tout cas, ça l’était pour nous, pour moi.
Est-ce que c’est dur d’en reparler ?
Oui, quand même.
Avec l’énorme paradoxe de vouloir vous tenir au courant pour que vous sachiez que oui, c’est possible. De défendre ses droits et de gagner. L’envie que vous soyez au courant, que vous en parliez largement autour de vous, que vous puissiez convaincre des gens à faire de même et oser aller jusqu’au tribunal pour se défendre.
Et la fatigue terrible face à tout ça, de se dire que nous sommes allés jusque là mais que ça ne change pas non plus grand-chose au quotidien.
Avec la réalité de la mise en application de ce jugement. Les semaines d’attente. Le premier document envoyé quasiment vide, sans respect de la procédure une nouvelle fois. Sans prendre en compte la réalité du dossier de notre fils. La contestation. Les relances. Les réponses hallucinantes sur base “quel est le problème ma p’tite dame ?”. Enfin, le dénouement seulement après que nous ayons dit que c’est le dernier échange et qu’on va reprendre contact avec notre avocat.
Nous avons eu gain de cause. C’est un peu moche d’en être arrivé là. Avant, pendant, après. Même après, encore, l’inaction en face, le sel perpétuellement jeté sur tes plaies qui ne cicatrisent pas.
Veni, vidi, vici.
Jusqu’à demain.
Mais quand même. Nous avons eu gain de cause.
Portez plainte si les droits de vos enfants ne sont pas respectés. Faites-le. L’injustice doit être reconnue.