“Fatigue parentale”.
C’est ce que notent pudiquement les puéricultrices de l’HAD, quand votre enfant est donc hospitalisé à la maison et que vous êtes à bout. Vidé. Fatigué. Epuisé de ressasser encore et encore les pourquoi.
“Fatigue parentale”, ça veut tout dire et rien dire on est d’accord. C’est juste un mot sur un ressenti exprimé à voix haute, une demande d’aide, un besoin de s’épancher. Une organisation qui se met en place pour t’épauler, c’est dur, mais tu n’es pas seul, pas tout en fait en tout cas.
Ces mots écrits sont derrière moi depuis longtemps. Depuis que nous avons refermé le classeur de liaison avec l’HAD, depuis que nous avons notre grand avec nous et seulement avec nous, sans fil de sonde, sans surveillance médicale, le “fatigue parentale” écrit sur les feuilles est parti avec les puéricultrices. Reste nous, notre vie, le quotidien, la routine des examens de suivi, la prise en charge, la charge mentale d’une famille et surtout du handicap, moi. Des choses lourdes à porter, qui parfois s’allègent, souvent non. Le “fatigue parentale” n’est plus écrit nulle part, ne se confie plus aussi facilement, n’a plus autant d’aide. Pourtant cette fatigue est là, insidieuse, qui s’infiltre, que tu confies à ton entourage mais qui ne semble plus avoir d’écho.
Je n’ai jamais caché mes difficultés à faire face à la situation. Je suis parfois fatiguée d’être fatiguée, fatiguée d’avoir à expliquer, fatiguée d’avoir à me répéter. Progressivement, j’en parle moins. Car j’ai l’impression d’être un disque rayé, une musique de fond que plus personne n’écoute, et qu’on entend à peine. A peine audible, j’en viens à ne plus avoir envie d’ouvrir ma bouche pour en parler. A quoi bon ?
Cette “fatigue parentale”, elle me revient en pleine tête en ce moment. Une difficulté médicale un peu sortie de nulle part, pas “prévue”, en tout cas pas comme ça. Notre grand va devoir se faire opérer, on ne sait pas encore quand, bientôt peut-être, un peu plus tard peut-être, il faut une nouvelle fois que j’organise tout, que je coordonne, que je relance des médecins, que je prenne des rendez-vous, que je réfléchisse à comment gérer le quotidien pendant l’hospitalisation.
Ce quotidien qui est déjà une épreuve en soi. Cette opération rajoute une hauteur au saut d’obstacles. Face à tout cela, les bras qui se baissent. L’envie de tout laisser tomber, ciao, cette fois je ne signe pas, je n’ai jamais eu les épaules pour supporter tout ça de toute façon, il faut bien que ça cesse. Mais la fatigue parentale n’a pas de limites. Sans choix, on reprend le fardeau. Encore et encore. On espère qu’après ça ira mieux, mais on sait qu’après ça sera encore la pesanteur des jours qui passent.
22 comments
Je comprends ta lassitude. Ton envie que « tout s’arrête ». Un trop plein qui a reçu une vague récemment alors que les gouttes régulières le faisait déjà presque déborder. Je n’ai pas de solution à t’offrir. Je peux juste te dire que tu n’es pas un disque rayé. Et si jamais tu as besoin de vider ton sac n’hésite pas, il y a des blogueuses à Toulouse qui sont de très bonne écoute autour d’un verre 😉
Merci beaucoup <3
Bonjour à vous .
Je comprends entièrement votre ressentis…je suis moi même ce disque rayé…. Je vous souhaite beaucoup de courage de force à vous et à votre petit chat. Il va se faire opérer de quoi ?
Merci, c’est gentil <3 Il va se faire opérer du crâne, j'en parlerais sûrement plus en détails ici quand j'aurais un peu plus digéré les choses.
Bonjour, on aimerait tant avoir des solutions à vous proposer mais malheureusement on en a pas vraiment… juste vous dire qu’on a aussi le droit de s effondrer, de dire les choses même si c’est la 100 e fois, qu on est pas tjs un super héros /heroinr et qu’il faut bien que les autres le comprenne même si ça fait mal. Quand je suis pas bien j’ai une image qui m aide j imagine que je suis dans les bras de mon doudou qui était un ourson, mais cette fois version XXL et je lâche mes larmes,mes sanglots, toute cette douleur qui a besoin de sortir parfois sous peine que j explose. Ça soigne rien mais ça me vide un peu du trop plein. Je vous prête mon doudou imaginaire ! Ou essayez de vous trouver le votre, on en a déjà parlé mais accordez vous du temps à vous car vous aussi y avez droit et ça sera surement salutaire pour tous.
Merci Julia, c’est très gentil <3 C'est une jolie image ce doudou ! Dans ces cas là, j'essaye de m'imaginer assise au bord de la mer, mais ce n'est pas toujours simple de réussir à faire abstraction quand les pensées angoissantes sont trop présentes !
J’imagine, j’espère qu’un jour ça ira mieux. En attendant, courage. Et dis toi que tu as le droit de craquer, tu as le droit de pleurer, tu as le droit de te laisser aller de temps en temps. Pour être plus forte le reste du temps.
J’espère aussi, des fois je me dis quand même que l’horizon se dégagera plus un jour, et à d’autres moments comme en ce moment quand on reçoit une autre « mauvaise nouvelle » dans la tête c’est dur…
En te lisant, je me revois avec les problèmes des jules qui tournaient en boucle dans ma tête. Comme toi j’ai eu envie de tout arrêter, de baisser les bras. Je l’ai même fait en ne prenant pas rdv avec certains spécialistes.
Si je te dis que quand les enfants grandissent ça va mieux, tu me crois ?
Je t’embrasse très fort et n’heSite pas à me contacter, je peux être une oreille attentive. caro
Oui, venant de toi j’y crois… J’ai relu ton article où tu disais que le handicap n’était plus le centre de vos vies, j’espère réussir à aller vers ça moi aussi un jour. Le temps parait long… Merci beaucoup pour ton soutien <3
Encore une fois, merci. Merci pour cet article qui traduit la réalité que beaucoup de parents d’enfants à besoins spécifiques vivent au quotidien.
Actuellement, je ressens aussi cette fatigue. Je me sens épuisée, vidée de toute mon énergie. Je me concentre tellement sur mon fils.
Pourtant, je n’en parle pas. Je n’ose pas le dire. J’ai peur du jugement. Maman d’un seul enfant, et qui ne travaille pas, je m’attends à des remarques déplacées. J’en entends déjà assez comme ça.
Mais vous avez raison de le dire, que c’est fatiguant et usant de s’occuper d’un enfant à besoins spécifiques, que la charge mentale est lourde, qu’il faut se battre avec les institutions médicales et paramédicales pour assurer une bonne prise en charge, sans parler des dossiers administratifs à faire et refaire. S’ajoute à ca, la charge émotionnelle car en tant que parent on est intimement touché par tout ce qui arrive à notre enfant, et parfois s’est une souffrance quotidienne.
Je vous souhaite de bonnes nuits de sommeil réparateur, de moments câlins en famille pour faire le plein d’énergie positive…
Amicalement
Tu décris exactement ce que je vis Cécile, la question n’est au final pas le nombre d’enfants, le boulot… mais bel et bien tout ce poids du handicap. Les épreuves administratives je n’en parle même pas, ça serait risible si ce n’était pas un vrai crève-coeur que de devoir batailler pour des aides auxquelles on a le droit… Je vous souhaite tout le meilleur aussi, merci <3
Je ne peux que comprendre, et c’est dur de te lire car on aimerait tellement pouvoir arrêter cette spirale pour toi…En tout cas j’espère que tu arrives tant bien que mal (et ton chéri aussi) à tenir le coup et à trouver un peu de temps pour toi au milieu de tout ça.
Merci <3 C'est clairement une spirale désagréable en ce moment, je donnerais beaucoup pour en voir le bout... On espère que des jours plus sereins s'annonceront un jour.
C’est difficile de commenter cet article sans être maladroite… Et d’un autre côté je voulais te dire que je suis là, que je pense souvent à toi et qu’ici ton disque rayé continue de toucher toutes tes lectrices <3 .
C’est tellement gentil, merci <3
Je voulais te laisser un commentaire bien plus tôt, mais à chaque fois, je n’avais pas mon ordi sous la main et c’est vraiment galère de commenter via mon téléphone. Bref, j’ai eu le coeur serré en te lisant et je comprends ton désarroi. Tu ne peux pas toujours être forte. Tu as le droit de craquer, de te plaindre, de ne plus en pouvoir. Tu sais qu’on est là pour t’écouter. J’aimerais être plus près de toi pour mieux te soutenir 🙁 Donne-nous vite des nouvelles.
Merci ma belle <3
C’est déjà difficile d’élever des enfants. Le handicap est une difficulté supplémentaire, c’est normal d’avoir envie de dire stop. Dans tous les cas, j’espère que son opération se passera bien et que vous trouverez un peu de relais pour souffler.
Merci <3
Peu de choses à dire à part Courage, Courage, Courage… C est normal de craquer de temps en temps et je pense même que c est nécessaire pour survivre! Ce ne sont pas des moments agréables à vivre et j espère sincèrement qu ils seront vite derrière vous!
Je découvre ton blog et j’ai le cœur serré de te lire. C’est si dur d’affronter le handicap de son enfant et de penser à sa souffrance, d’encaisser tout cela et de rester debout pour lui. Je ne sais pas si tu as un espace où dire, craquer, être entendue, en dehors de ton blog. J’enfonce sans doute des portes ouvertes, mais je voudrais te dire de prendre aussi soin de toi, avec un thérapeute, ou un groupe de parole, pour sortir de la solitude où cette préoccupation constante de ton petit chat t’enferme… par exemple http://www.enfant-different.org/echanger-avec-dautres-parents/les-cafes-des-parents-en-france
vraiment, en pensées avec toi. ❤