Je vous ai raconté mon accouchement les dernières fois… et maintenant, on va parler de l’après. Du truc pas cool, du truc dont on ne parle jamais car cela arrive rarement, du truc qu’on n’imagine pas se produire et pourtant. Soyons clairs : au bout de cette grossesse peu sereine, j’ai pu avoir peur que les choses se passent mal d’une manière totalement « abstraite », mais jamais à ce point-là. Sans être particulièrement angoissée, oui l’idée que l’accouchement soit compliqué, que ça soit dur pour mon bébé a pu me traverser l’esprit. Mais que les choses aillent mal pour moi, jamais. Mourir en couches en 2014, non je n’y ai pas pensé.
Et pourtant, je ne vais pas vous sortir le laïus fataliste de base mais oui « ça arrive ». Faire une hémorragie à l’accouchement ça arrive toujours à notre époque, et ça peut être grave, très grave. Dans mon cas, j’ai été confronté à un type d’hémorragie un peu particulier, car il s’agissait d’une hémorragie interne. De son petit nom, thrombus ou hématome puerpéral. Inutile de vous dire que je n’en avais jamais entendu parler avant que cela m’arrive.
Loin de moi de m’improviser médecin, mais j’ai essayé de comprendre ce qui a pu m’arriver et j’ai fait pas mal de recherches. Du coup, je me suis dit qu’en parler ici, avec mes mots, pourraient peut-être aider celles qui cherchent elles aussi à comprendre ce qui leur est arrivé. J’ai eu la chance d’être accompagnée par une équipe médicale qui m’a bien expliqué la situation, et qui a toujours répondu à toutes mes questions, mais je sais que ce n’est pas toujours le cas.
Un thrombus, c’est quoi ? Il s’agit donc d’une hémorragie interne, suite à un accouchement. Déjà, pas de panique « inutile ». C’est une situation rare, plus rare qu’une hémorragie « classique ». J’ai trouvé plusieurs chiffres, mais en gros cela arrive dans 1 accouchement pour 1000, encore plus rare quand c’est un “gros” thrombus comme j’ai pu avoir (1 sur 4000 de ce que j’ai pu trouver). Globalement, pour vous éviter le jargon assez incompréhensible que vous risquez de trouver sur le net, c’est une hémorragie interne au niveau génital qui ne se résorbe pas seule. On m’a expliqué qu’il existait 3 sortes de thrombus, suivant l’endroit où il se forme, du moins au + embêtant : le thrombus vulvaire, au niveau des grandes lèvres ; le thrombus vaginal, ce qui m’est arrivé ; le thrombus pelvien, qui se situe plus haut encore et qui est comme me l’a expliqué ma gynécologue une « vraie saloperie » car il passe plus inaperçu et l’hématome se diffuse, et on peut s’en rendre compte trop tard.
Les symptômes de ce thrombus, parlons en… Il n’y en a qu’un qu’on voit vraiment côté malade : c’est une douleur insoutenable. « Excrucifiante » que dit la littérature scientifique. Et là, je ne peux qu’acquiescer. Je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie, “et j’suis pas une douillette putain” (la phrase toujours bête à dire, mais c’est assez vrai dans mon cas, et je peux vous dire que j’ai vachement revu mon échelle de douleur de 1 à 10 : tu me plantes un ciseau dans la main, je t’évalue ça à 6 maintenant, MAX). Le thrombus nécessite donc quasiment toujours une intervention chirurgicale rapide (sauf dans le cas des “petits”, qui peuvent se résorber spontanément sous surveillance), parce que juste tu ne peux pas encaisser cette douleur longtemps. L’hématome est généralement d’abord “juste” incisé, pour éviter qu’il n’aille se diffuser en direction des organes et foutre le gros gros bordel, et on mèche pour faire compression. Le soucis, et ça a été mon cas, c’est que souvent l’hématome évacué se reforme, parfois très rapidement… Il faut donc l’évacuer de nouveau, en procédant auparavant à une embolisation des artères hypogastriques (traduire = on bouche en partie les artères du niveau de l’aine quoi) afin de diminuer le flux de sang. Cette technique est assez pointue, et n’est donc pratiquée que dans quelques hôpitaux en France. C’est pas rien.
Il n’y a pas une seule et unique cause directe de thrombus, c’est plutôt un ensemble de choses qui peuvent en être à l’origine. Globalement, c’est le passage de la tête du bébé qui va causer les lésions, les distensions qui vont provoquer cet hématome interne. Et en vrac, vous avez aussi l’épisio, l’extraction instrumentale, la primiparité, un travail long… qui sont des éléments qu’on retrouve plus fréquemment que la moyenne dans ce genre de cas, mais honnêtement c’est difficile d’en tirer des conclusions directes. Bref, pas forcément de profil ou de situation type, et de ce que j’en retiens c’est que c’est avant tout « la faute à pas de chance ».
Voilà pour ce premier article un peu « technique ». Je ne sais pas trop si il sera utile à certaines. C’est un peu le bordel, je sais, faut dire que c’est un sale truc donc c’est pas facile d’en faire un article sexy hein ^^ Mais j’avais besoin de cadrer un peu les choses avant de parler de mon expérience.
Pour lire la suite, c’est par ici.
Mes autres articles sur mon accouchement :
- Parler de son accouchement
- Le jour d’avant
- Mon accouchement déclenché
- Notre rencontre avec bébé
- Thrombus post-accouchement : le vivre
- Thrombus post-accouchement : et après ?
- Je n’en veux à personne
18 comments
Mais aie aie aie! C’est sûr que t’es une warrior là! Je connaissais juste le nom jusque là, j’en connais plus grâce à toi. J’ai fait une hémorragie interne suite à une biopsie et la douleur a fait passer mes 24h d’accouchement pour une promenade de santé alors je me doute qu’après, tu ne vois plus les choses de la même manière. La suite, la suite (je sais que ça va mieux maintenant mais je ne peux pas m’empêcher de stresser en lisant tes billets! )
Je n’avais aucune idée avant qu’une hémorragie interne pouvait faire mal, je croyais je ne sais pas pourquoi que tu ne sentais rien… Bon, vous me faites marrer quand même à réclamer la suite, j’en fais un roman à suspens de cette histoire
Roh là là…. Ma pauvre… Effectivement, tu n’as vraiment pas eu de chance… Tu as surtout frôlé la mort à ce que je vois. J’en suis bien désolée. Et j’ai hâte de lire la suite. Gros bisous.
Oui, ça n’a pas été très follichon pour moi toute cette histoire, faut bien le dire… Mais bon, ce n’est pas à toi que je vais apprendre que quand ça merde, ça merde jusqu’au bout hein !
Olala ça fait peur cette histoire… Je n’en avais jamais entendu parler tu vois, ton article m’a appris quelque-chose.
Ma pauvre… Tu as dû beaucoup souffrir d’après ce que j’ai pu lire 🙁
Oui, c’est tellement douloureux… L’avantage, c’est qu’à côté, l’accouchement ce n’est rien du tout ^^^(et en + avec péridurale, n’en parlons pas !). Mais heureusement, c’est extrêmement rare.
Au moins si tu décides de faire un autre bébé, l’accouchement sera un jeu d’enfant pour toi ! ^^
T’as raison, avec la péridurale ça va ! Par contre tu dis que c’est extrêmement rare mais si c’est 1 cas sur 1000, ça reste quand-même trop… :-/
J’ai aussi vécu l’hémorragie post-accouchement, un gros moment d’angoisse. C’est la gyneco de garde qui en voyant mon visage en salle de repos a dit à l’infirmière : « il faut regarder, elle est en train de faire une hémorragie là ! » Je vous épargne les détails de la suite, mais effectivement je perdais beaucoup de sang. Je n’ai rien senti personnellement du point de vue douleur, mais il faut dire que dans un genre différent j’ai aussi connu un accouchement peu agréable 🙂 et les médecins ont tellement dû me shooter pour que tout se termine bien (je n’ai pas droit à la péridurale par risque d’hémorragie justement) que j’étais peu consciente finalement lorsqu’on a à nouveau du m’endormir pour stopper l’hémorragie. J’en ai également fait une pour mon deuxième accouchement, mais j’étais plus sereine, j’avais entièrement confiance en l’équipe médicale même si j’avais bien conscience qu’une hémorragie peut être très grave.
Ma pauvre, vivre 2 fois une hémorragie, c’est quand même incroyable… Tu as du passer par des moments vraiment pas faciles :/
Aie aie la meme!!! Thrombus vaginal avec infection derrière impossible à éliminer, intervention d’un infectiologue réputé, sous antibio pdt 3 mois avec perfusions.. radio tout les jours injections d’iode donc allaitement impossible, je n’ai pas vu mon bébé qu’après 48h pck réanimation…bref j’en passe restons forte pour cette magnifique vie biz
Ô la la Ma petite smala, je compatis ! Tu as du avoir de sacrés soucis pour avoir tout ce qui a suivi, je ne savais pas que c’était possible après un thrombus… :/ J’espère que tu t’en es bien remis et que ce n’est aujourd’hui qu’un mauvais souvenir !
Bonjour
Votre témoignage m’a émue du faite que j’ai également connu cet épisode après mon accouchement.
La première nuit sans mon bébé.
Puis des blocs opératoires a répétitions (11)
Des mèches (13)
Des heures de morphine mais surtout comme vous préciser cette douleur inimaginable que je souhaite a personnes.
C’est des accouchements rarissime et forte heureusement mon conseille est d’accoucher dans des CHU.
Courage a celles a qui cela arrivent.
Je souhaite remercie toute l’équipe médical qui m’a très bien entourée sage femme, aide soignante, medecin ,anesthiste…
Et les soignantes qui ont entoure mon bébé.
Merci a la médecin du service, pour son humanite et son aide pour les droits des femmes.
Je compatis Baby, surtout qu’apparemment ça n’a vraiment pas été une partie de plaisir ! Heureusement que vous avez bien été entourée, globalement ça a été mon cas aussi, et c’est vraiment important quand on vit quelquechose de dramatique de façon si soudaine !
Je vous remercie allychachoo de votre réponse. Oui c’est sur que c’est dramatique mais un soutien est formidable.
Et vous aussi c’est génial votre blog et le faites que vous tenez un murs pour des partages de jeunes mamans.
Merci beaucoup, écrire sur ce sujet et partager mon expérience me tenait vraiment à coeur. On se retrouve tellement seule face à ce genre de vécu !