Pour lire le début de mon récit, c’est ici.
Après ce début d’accouchement déclenché dont je vous parlais la dernière fois, nous y voilà, c’est le moment de notre rencontre avec bébé, cette rencontre si attendue…
La gynéco arrive et l’équipe s’installe. Voilà, nous y sommes, c’est le moment ! Il va falloir pousser ! Je suis un peu angoissée, je sens que la péridurale n’agit pas pareil sur les deux côtés de mon corps, et je n’ai pas vraiment la sensation d’avoir l’urgence de pousser. Pourtant, je sens plutôt bien arriver les contractions, même si j’ai l’impression de les « deviner », et je pousse dans le rythme, malgré l’inconfort de mon côté droit. Je pousse. 1 fois, 2 fois, 3 fois, 4 fois, encore… Je suis fatiguée, j’ai l’impression d’être inefficace, mon homme très ému m’encourage mais je n’en peux plus. On me dit que le bébé avance bien, mais qu’il « remonte » beaucoup après chaque poussée. La sage-femme me fait attraper mes jambes derrière les genoux, pourtant ce n’est pas comme ça que je veux faire, je veux appuyer devant mes genoux, et puis j’aurais besoin d’un appui au bout des pieds pour être plus efficace ! Je continue à pousser. Je m’énerve un peu sur les conseils qu’on me donne, ça va quoi, je n’y arrive pas, je ne sens pas les choses comme ça. La gynéco m’explique qu’on va devoir aider un peu le bébé. Episio donc, et elle attrape une spatule. Je pousse, mais bébé ne sort pas. On passe au forceps. Je me souviens d’une vision hallucinante, le docteur qui prend appui avec son pied sur la table d’accouchement pour tirer de toutes ces forces ! Je pousse, j’ai l’impression de ne servir à rien. J’entends un « bon, on essaye une dernière fois ». J’ai peur, je regarde mon homme, je ne veux pas de césarienne, pas maintenant, après 45 minutes d’effort ! Je pousse. Bébé est là, la tête est passée. Petite pause. Les épaules passent. Je l’entends pleurer, je le vois, il est magnifique, vraiment. J’entends le médecin crier « cordon court, cordon court » et effectivement… à peine sorti, je me sens « attrapée » par le bébé, j’en glisse un peu de la table même 😉
Il est 3h49 du matin, nous sommes parents, je suis maman. J’ai un énorme sourire sur le visage, je n’arrête pas de répéter qu’il est trop beau. Mon homme me reprochera de ne pas avoir versé de larmes, mais je ne voulais pas pleurer, j’étais trop heureuse ! Pourtant, j’aurais cru que ça serait les grandes eaux, mais je me dis juste que ce qui vient de se passer est extraordinaire. D’ailleurs, je n’ai pas vraiment vu de larmes sur son visage à lui non plus. Nous sommes heureux, c’est tout. C’est bien, il est là. C’est fini, ça va. Tout ira bien maintenant.
On coupe le cordon et la sage-femme m’explique qu’il va recevoir les premiers soins. Ah bon, déjà, je ne l’ai pas ? J’ai dû avoir l’air décontenancée, car du coup elle me le pose sur le ventre sans prévenir. Il est sur moi, elle l’a lâché, il glisse. Je le récupère contre mon ventre avec mon bras droit. Je sens son poids sur moi, sa chaleur, c’est un moment extraordinaire. Mais qui ne dure que quelques secondes. On l’emmène. On demande au papa s’il veut venir pour assister au soin, je lui dis d’y aller.
Je reste seule avec la gynéco dans la salle d’accouchement pendant qu’elle me recoud. Je parle beaucoup, je pose des questions sur cette épisio, les soins, la cicatrisation… Mon bébé ne revient pas, mais je ne suis pas inquiète, il est avec son papa.
Mon homme revient dans la salle. Tout de suite, il me dit de ne pas m’inquiéter, que tout va bien. Quelqu’un pousse à sa suite une couveuse avec un bébé, mon bébé. Je ne comprends pas. On m’explique qu’il respire un peu vite, que l’accouchement a été un peu difficile pour lui et qu’il est fatigué. Son score d’Apgar est excellent, 10/10, mais sa respiration un peu trop rapide. Je ne réalise pas. Je repense à son poids sur mon ventre tout à l’heure, à sa chaleur. Je veux le revivre, je veux l’avoir contre moi. Je suis tellement fatiguée, un peu dans les vapes, et – je le saurais plus tard – probablement déjà sous le coup de « la suite ». On nous laisse seuls avec la couveuse, je peux toucher la petite main de mon fils à travers la paroi. C’est magique, mais je veux plus. Je me dis que ça viendra un peu plus tard. Je ne comprends toujours pas ce qui se passe. Mon fils est monté en néonat, et nous restons en salle un bon moment. Mais là, je n’en ai aucun souvenir. A partir de là, les choses deviennent très floues.
Je suis maman. Je viens de vivre un moment absolument extraordinaire mais si court en fait… Plus tard, les choses vont basculer.
Pour lire la suite, c’est ici.
Les autres articles sur mon accouchement :
- Parler de son accouchement
- Le jour d’avant
- Mon accouchement déclenché
- Thrombus post-accouchement : c’est quoi ?
- Thrombus post-accouchement : le vivre
- Thrombus post-accouchement : et après ?
- Je n’en veux à personne
5 comments
Ma pauvre, la fin de ton récit me rend triste… J’ai moi aussi connu l’épisio, le forceps, puis mon bébé qui était parti dans un autre hôpital doté d’un service de néonat’ mais à la différence de toi la suite a été (et j’ai pu l’avoir contre moi une demie heure avant que le SMUR ne vienne le chercher)…
Le docteur a pris appui sur la table pour tirer de toutes ses forces ??!! Olala, j’aurais eu trop peur qu’il ne fasse mal à mon bébé ! Moi ça a été un petit forceps tout doux et sur une seule poussée alors j’ai eu de la chance, mais j’imagine que pour toi ça a dû faire très bizarre…
Merci pour le récit de ton accouchement, j’aime lire ce type d’articles. A bientôt.
Je t’avoue que je n’y ai même pas pensé sur le moment, ça a été très rapide et j’ai à peine eu le temps de réaliser ce qui se passait. Et surtout, mon fils a tout de suite pleuré à la sortie, il n’avait aucune marque liée aux forceps, donc j’ai totalement oublié tout de suite. Ce n’est que quand j’y repense que je réalise que c’était un moment très particulier.
Ah bon tant mieux s’il n’a eu aucune marque, ni rien ! C’est le principal ! Nous le notre a eu un petit forceps et pourtant il a eu le nez un peu tordu durant une bonne semaine ainsi qu’une petite trace au front… Du coup j’avais peur que ce soit pire pour le tien, vu les conditions dans lesquelles il a été sorti. Heureusement ça a été ! 🙂
Bravo pour la poussée! J’aurais tellement aimé vivre ce moment où tu sens ton bébé sortir de toi et où tu le vois sur ton ventre! Je suis admirative. Par contre, j’imagine comme vous avez dû flipper en ne le voyant pas revenir. J’en ai mal au ventre quand je te lis. Gros bisous.
J’avoue, c’est vraiment ce que je voulais un accouchement par voie basse, même si j’aurais tellement aimé l’avoir longtemps contre moi après… Je n’ai pas tant flippé que ça quand ils l’ont pris pour les premiers soins, comme il était avec son papa je pensais que tout allait bien… C’est quand je l’ai revenir en couveuse et que j’ai réalisé que je ne l’aurais pas contre moi, là ça a a été dur !