Maintenant que j’ai accouché, je me rends compte que j’ai laissé dans mes brouillons pour le blog beaucoup d’articles que j’ai écrit pendant ces 9 mois de grossesse, pour m’aider à appréhender les choses. Ecrire est pour moi une forme d’exutoire, mais je n’avais pas osé poster ici toutes ces réflexions. Peur de m’attirer le mauvais œil voyez-vous… Du coup, je vous livre maintenant un peu pêle-mêle toutes ces pensées !
Cette deuxième grossesse, j’en ai rêvé sitôt la première terminée. En revivre une, une qui cette fois serait sereine. Une qui cette fois se finirait « bien ». Une qui cette fois collerait à l’image d’Epinal que je me faisais d’une grossesse. Normale. Comme les autres. Une grossesse qui panserait un peu mes blessures. Une qui me réparerait.
Le fantasme de réparation. C’est le travers qui me guettait, je le savais avant même d’être tombée enceinte. Je sentais que le risque de surinvestir cette grossesse, de lui faire porter sur les épaules un poids émotionnel immense était là. Quand on m’a annoncé qu’il y avait deux bébés, je me suis dit « c’est foutu ». Je pensais que je ne l’aurais jamais cette grossesse normale, que je n’y avais pas le droit. Je dois dire que ça a été un moment difficile, je vous en reparlerais.
Et alors, au final ? Tout s’est bien passé. La grossesse, même si fatiguante, particulière, s’est bien déroulée. Mon accouchement a été un beau moment, qui a vraiment pansé des blessures. Mes petits garçons évoluent avec bonheur, bien loin des angoisses que nous avons pu connaitre avec leur grand frère. Suis-je « réparée » pour autant ? Oui. Non. Oui. Non.
Oui car tout s’est bien déroulé dès le début, pas particularités à surveiller aux échographies, aucunes difficultés médicales. Oui car j’ai accouché « normalement », là encore sans prise en charge particulière. Oui car tout simplement, je n’ai pas failli mourir cette fois. Oui car cette fois-ci j’ai eu mes enfants sur moi, avec moi, près de moi. Oui car j’ai eu un séjour à la maternité classique. Oui car mes enfants vont bien.
Mais aussi le non. Non car étonnament, que tout aille bien me fait repenser à tout ce qui n’a pas été avant. A tout ce que je n’ai pas eu avec mon fils aîné. A tout ce que lui « n’a pas eu le droit ». A tout ce qu’il a du affronter tout petit. Ce fantasme de réparation est et restera bien un fantasme. Oui, il y a du mieux. Non, tout ne va pas parfaitement bien pour autant. Cette deuxième grossesse, c’est une dalle posée en plus sur ce chemin de pierres que je construit vers la résilience. Mais je reste réaliste : il est loin d’être achevé. Ce travail m’écorche les genoux, les mains, le cœur.
Je crois que ce « fantasme de réparation » est quelquechose d’assez commun à beaucoup de mamans qui ont connu une grossesse difficile. J’aurais aimé pouvoir dire que oui, ça répare tout, mais non. Il y a des choses qui ne s’oublient pas. Et pourtant, ce fut une belle aventure que cette grossesse et cet accouchement ! Oui, ça m’a fait du bien, beaucoup même. C’est finalement « l’après » qui est plus délicat à gérer.
11 comments
C’est « drôle » je pensais encore à ça hier soir.
Comme toi, j’ai eu très vite envie d’une deuxième grossesse. Ce n’était pas si grave si je vivais mal la première, c’était dans ma nature d’être angoissée, je me rattraperais à la deuxième. Je fantasmais sur une grossesse épanouie, épanouissante, un accouchement fort en émotion, une première tétée et un allaitement qui coulaient de source… Au final ça a été horrible, grossesse merdique, césarienne en urgence, prématurité, hospitalisation difficile, allaitement foiré … Mais j’ai surmonté ça parce que c’était la deuxième, et que finalement la première grossesse et naissance m’avait apporté plus que je ne le croyais. Et au final, je crois bien que c’est la première qui m’a aidé à réparer la deuxième.
C’est fort de lire ton message. Au final, quoi qu’il arrive, ce sont aussi nos enfants qui nous réparent je pense. Car ils nous prouvent tous les jours que rien n’est figé et que notre relation parent/enfant s’approfondit chaque jour.
C’est un très joli billet, qui m’émeut beaucoup.
Même si je n’ai pas vécu de choses aussi difficiles que toi, après la naissance de ma fille j’ai écrit un billet qui s’intitulait « un accouchement qui répare le précédent ». Surement car cet accouchement avait réveillé des douleurs enfouies. Il ne les a pas effacées mais il les a apaisées… J’espère ne pas être maladroite, je ne souhaite pas comparer mais juste exprimer mon ressenti.
Je te souhaite beaucoup de bonheur avec tes petits.
Merci <3 Je pense qu'on a toutes beaucoup à dire sur nos accouchements, le ressenti et "les faits" n'ont pas forcément à voir entre eux donc ne t'inquiète pas je ne prends rien mal !
Je comprends tellement ta problématique… Faire le deuil de l’accouchement catastrophique que tu as connu, et te réjouir en même temps du deuxième, qui lui a été une réussite. C’est difficile de se dire qu’on ne pourra plus jamais revenir en arrière, qu’on ne peut pas avoir d’emprise sur ce qui s’est passé. Il faut arriver à l’accepter. Je t’embrasse <3
C’est ça, je pense que tu en connais un rayon sur le sujet <3
J’ai eu à peu près le même ressenti avec mes deux accouchements. Le second à réparé le premier. Mais il a aussi un peu ravivé mon sentiment d’injustice et de colère. On ne répare pas vraiment mais on apprend peu à peu à accepter 🙂
C’est tout à fait ça ! Il faut faire la part des choses, même si ce n’est pas toujours simple…
Tu as vécu deux accouchements complètement différents. Heureusement que le deuxième s’est très bien déroulé. Avec des jumeaux ce n’était pas « gagné » comme tu dis, mais tu as bel et bien pu vivre un superbe accouchement et ça c’est super. Cela n’effacera pas les souvenirs que tu as vécu pour le premier, hélas. Je te souhaite de parvenir à l’accepter et surtout de profiter de tes merveilleux enfants maintenant 🙂
Merci, c’est très gentil <3