Cette première année d’école, quand j’allais chercher mon petit chat le soir, souvent il m’attendait. Agrippé au portail, souriant, détendu. Prêt à bondir dans les bras de tous les parents qui du coup le connaisse comme le loup blanc, prêt à partir explorer à la moindre inattention sur le loquet du portail d’ailleurs 😉 Heureux d’être à l’école, comme depuis toujours, mais il m’attendait.
Je peux vous dire que pour mon coeur de maman, c’était un peu dur. Tous les soirs en arrivant par l’arrière de la cours, je jetais un coup d’oeil. Voir s’il était en train de jouer avec ses petits camarades. Mais non, il était toujours à l’avant, les mains solidement accrochées aux barreaux du portail, à m’attendre tout simplement. J’avais tellement envie pourtant. Qu’il joue, qu’il saute, qu’il court, qu’il crie. Comme les autres. Ce pincement au coeur de le voir là, bien, très bien dans son école mais… à part.
Bien sûr c’était une crainte inavouée quand il a commencé sa scolarité qu’il soit isolé. Seul, avec sa différence. Pourtant je savais. Qu’en crèche tout se passait bien, qu’il aimait les autres enfants, qu’il n’avait aucun soucis de sociabilité, qu’il était très dans la communication. Tout de suite les premiers temps à l’école ont confirmé cela, à l’aise, comme un poisson dans l’eau. Mais un peu à côté c’est vrai. C’est difficile encore d’être “avec” les autres enfants pleinement. Le manque de communication fait un peu barrage même si il leur adresse quelques mots, son côté brusque aussi quand il veut piquer les bâtons qu’un copain a patiemment ramassé 😉 Mais il y a de la bienveillance, de l’attention. Des câlins et des bisous, qu’il sollicite et qu’on vient lui donner. Des invitations à des anniversaires d’où il revient ravi. Un petit dessin échangé. Des séances de tracteur dans la cours de récré. Une vraie relation. Mais toujours ce petit garçon qui m’attend à la sortie de l’école.
Depuis le retour des dernières petites vacances, tout a changé. Mon petit garçon grandit, il est devenu plus attentif, et surtout il ne m’attends plus. Fini les soirs où je le retrouve agrippé au portail. Quand j’arrive, je dois balayer la cours du regard, et je vois les filles du périscolaire faire de même car maintenant il est partout. En train de jouer dans la petite cabane, au bac à sable avec les petits tracteurs en plastique ou ces drôles de pelles qu’il appelle ses “pattes de crocodile”, sur le train en rondin de bois, aux toilettes tout seul, à plat ventre sur les balançoires, parfois même en train de s’essayer à la grimpette sur la cage à écureuil, depuis peu assis quelques minutes en train de dessiner.
Grand. Impatient d’aller dans “la grande cours”, l’autre cours de la maternelle, l’année prochaine j’espère. Heureux de me retrouver, oui, mais qui essaye de grapiller encore quelques minutes de jeu.
Mon petit garçon ne m’attends plus le soir, et chaque fois cela me fait sourire.
6 comments
Comme je te comprends ! J’ai l’impression de lire la description de mon fils ! Tout se passe bien, mais un peu à part c’est vrai.
Moi aussi le soir quand j’arrive, je guette et j’essaie de voir s’il joue ou s’il attend. J’ai la chance de pouvoir le récupérer dès la sortie la plupart du temps donc les fois où c’était garderie, il m’attendait … On verra l’an prochain !
Oui, il faut leur laisser le temps, c’est leur rythme qui s’impose petit à petit 🙂
J’adore cet article, c’est tellement touchant et beau, cette indépendance qui petit à petit se met en place. J’imagine ta joie de le voir prendre sa place parmi les autres et dans son environnement, de plus en plus 🙂
Ô oui, c’est extraordinaire <3 J'ai beau ne pas avoir de doutes tout au fond de moi, le quotidien me rattrape tout le temps sur mes angoisses....
Une larme sur la joue en lisant ce très joli article. Bravo au petit bonhomme qui grandit et trouve sa place, bravo à sa maman qui lui permet de s’épanouir et d’être heureux. C’est un vrai challenge pour nous parents d’apprendre à nos petits l’autonomie et surtout la recherche du bonheur, avec mais aussi sans nous !
Oui, j’aime tellement le voir heureux et à l’aise à l’extérieur de notre cocon familial, c’est primordial pour moi, c’est pour ça qu’on s’acharne autant pour que l’inclusion soit une réussite. Merci de ton message <3