De la kitcherie des photos de crèche

La photo de classe, c’est un peu une institution chez moi. Je me souviens très bien de celles affichées chez moi, côte à côte, celles de mon frère et les miennes. Mes parents l’appelaient affectueusement “la galerie des horreurs”, ce qui aurait pu générer chez nous un certain traumatisme voyez-vous, mais croyez-moi il a été bien moindre que celui entraîné par le fait que nous soyons en jogging sur quasiment toutes ces photos (je me demande encore la raison de POURQUOI la séance avait TOUJOURS lieu le jour du sport) (crime contre la mode) (on parle des joggings des 90’s quand même). Quoi qu’il en soit, depuis que je suis maman, moi aussi j’attends avec impatience de pouvoir constituer ma propre galerie des horreurs, sur base de fond de photo douteux (mais qui les choisit ces fonds, sans déconner…) et d’enfants au regard mi-apeuré mi-ébloui par les énormes flashs <3

A l’arrivée de mon fils à la crèche, j’ai découvert avec ravissement qu’on faisait aussi des photos de crèche. Même deux fois par an ma brave dame. Même que la première et la deuxième fois on ne m’avait pas prévenu, heureusement que mon fils est sapé comme un dieu tous les jours (et que la photo a lieu le matin AVANT les jeux dans la cours/le carnage du repas du midi/la couche débordante). Oui parce que quitte à avoir une photo un peu kitch, autant que le fiston soit à son avantage. Même si il faut expliquer au personnel ce qui semble aller de soi, à savoir qu’enlever le bandana plein de bave et passer un petit coup de main pour recoiffer une tignasse rebelle, ça peut être pas mal. OUi pardon, je suis un peu rigide de la tenue pour la photo, n’oubliez pas le traumatisme du jogging.

Et puis un jour on reçoit les photos, dans un plastique moche tout écrituré que tu ne peux pas ouvrir sinon tu payes. Tu dois deviner à travers les gribouillis si la photo te plait, bien entendu tu craques et tu ouvres pour voir et donc tu te retrouves à devoir prendre tout le package. Oui, même celles au format improbable, même l’horrible carte de voeux avec le bonhomme en pain d’épices. En même temps, c’est des photos de ta merveille : c’est kitch, oui le fond est moche, mais tu craques. En plus, ils sont sympas : si tu prends la pochette entière, ils t’offrent le porte-clef.

Bien sûr que je me suis marrée. Un porte-clef avec une photo, c’est moche. Jamais je n’allais utiliser ça bien entendu. Hahaha, et puis pourquoi pas un mug aussi ? T’imagine, la tête de ton mioche sur un mug ? Il ne faut pas déconner, tout ça ça ne va PAS DU TOUT avec mes velléités de déco bobo-trendy-scandinavo-design. Mais bon, il est offert de toute façon, alors… Donc tu rends la pochette (déjà ouverte donc), avec la fiche de commande à laquelle tu as bien entendu rajouté des tirages grand format (pour les grands-parents, toujours), le chèque qui va bien et qui est toujours plus élevé que ce que tu pensais (et encore, tu n’as pas rajouté le fichier numérique à 20€) (mais tu as hésité, bien sûr).

Et puis un jour tu reçois la fameuse pochette, tes tirages supplémentaires… avec le porte-clef donc, le fameux. Tu rigoles 5 secondes et d’un coup, sans que tu ne t’en rendes compte, tu es foutue. La kitcherie a fait son oeuvre. Ce porte-clef moche, avec ton fils dessus, il devient étrangement attirant. Beau même. Indispensable. Tu veux le mettre tout de suite et admirer ton fils chaque fois que tu sors tes clefs.

Voilà. J’en suis à mon troisième porte-clef. Le premier ne quitte pas mon sac, le deuxième et le troisième sont en partance chez les papi-mamies. Voilà voilà. Je n’exclue pas me laisser tenter par le mug à la prochaine commande.

Allez-y, jugez moi.