Aujourd’hui, je voulais vous parler de cette période un peu particulière après la naissance de son bébé. Cette période de “l’entre-deux grossesses”, quand on sait qu’on en veut plusieurs. Cette période si particulière, d’autant plus quand on imagine avoir des enfants avec un écart d’âge pas trop important.
Cette période “l’entre-deux grossesses”, c’est avant tout une histoire de ventre. Je vous l’ai déjà raconté, l’envie de retomber enceinte a été immédiate dans mon cas, dès après mes opérations suite à l’accouchement je voulais avoir un autre bébé. Je voulais “rattraper”. Je voulais revivre cette sensation de ventre plein. Sans le verbaliser totalement, j’ai eu du mal à gérer ce passage enceinte/pas enceinte tellement tout a été bouleversé, mon hémorragie, l’hospitalisation de mon fils… Pendant des mois, j’ai rêvé du poids de mon fils sur mon ventre, juste après qu’il soit sorti, ces quelques secondes où je l’ai eu sur moi avant qu’on ne me l’enlève. Pendant des mois, j’ai dormi avec un petit coussin rond au niveau du ventre, comme pour recréer cette sensation. J’ai beaucoup touché mon ventre, qui me semblait anormalement flasque, mou, vide. Je ne voulais pas le retrouver musclé, non, vu qu’il allait être rempli de nouveau.
Je me demande vraiment comment font les femmes habituellement, comment elles gèrent cette sensation. J’imagine que ce phénomène du “ventre vide” est quelque chose qui nous frappe toutes. Pendant toute cette période de “l’entre-deux grossesses”, je ne me suis pas sentie complète. Et pourtant, je ne fais pas partie de celles qui adorent être enceinte ! Mais il me manquait quelque chose.
Cette période de ‘l’entre-deux grossesses”, ça a été une période paradoxalement remplie d’espoir en l’avenir. Au beau milieu de la tempête des difficultés de notre fils, cette envie du petit deuxième m’a aidé à garder le cap. Elle m’a même maintenu en vie, maintenue en espérance. Quand nous avions les rendez-vous en génétique et que je précisais que je souhaitais être de nouveau enceinte rapidement, c’était aussi bien pour que les recherches aillent plus vite qu’une manière un peu “magique” pour moi de conjurer le sort, comme pour dire qu’in fine tout irait bien. C’est la raison pour laquelle j’ai refusé une aide médicamenteuse qui me semblait trop lourde, car je ne voulais pas que cela puisse décaler notre projet quand nous nous sentirions prêts. C’était peut-être bête, je ne sais pas, mais j’avais en ligne de mire cet objectif : “quand j’irais mieux, nous ferons un deuxième bébé”. De fait, je n’ai pas pu me lancer dans l’aventure tout de suite après le diagnostic de mon fils, il m’a fallu un peu de temps, mais je savais que cette décision serait une étape essentielle de ma vie “de l’après”.
Cette période de “l’entre-deux grossesses”, ça a été une longue période d’attente. Par réellement d’attente par les essais, nous avons eu la chance que je tombe enceinte tout de suite. Malgré tout, c’était une drôle de sensation de se dire que notre vie allait encore changer “‘d’ici peu”, sans réussir à mettre un timing sur ce “d’ici peu”. Je me suis sentie en stand-by sur tout. Mon rôle de maman, ma vie de famille et de couple, mon travail… Difficile de se projeter. J’ai d’ailleurs commencé à réfléchir à ce sujet suite à cet excellent (comme toujours) article de Die Franzoesin, qui parlait de son job justement. Je pense que si j’avais été dans un autre état d’esprit, je me serais posée des questions différentes sur ma carrière professionnelle, sur l’orientation que j’aurais voulu lui donner, sur les projets sur lesquels j’avais envie de travailler. Mais cela faisait honnêtement trop à gérer. Je me suis concentrée sur mon quotidien, les tâches à effectuer, les missions assignées, et bien entendu surtout sur mon fils. Et sur cette envie d’une deuxième grossesse, qui ne me lâchait pas. J’ai avancé jour après jour.
Je sais que cette période de “l’entre-deux grossesses” a été très particulière au vu du contexte, de notre histoire avec mon fils. Cette deuxième grossesse n’a jamais été un projet à venir en fait, mais bien quelque chose de déjà décidé, qui attendait juste le moment opportun.
Mais je suis certaine que cette période se vit avec beaucoup de questionnements aussi “quand tout va bien”, et je serais curieuse d’avoir votre expérience sur le sujet ! Comment l’avez-vous vécu ?
21 comments
J’aime beaucoup ton article, très intéressant ! Pourtant, je ne me retrouve pas dans tes questionnements, même si comme toi, j’ai toujours su que ma première grossesse ne serait pas la dernière. Il était évident pour moi que je voulais un autre enfant, après la naissance de ma fille. Bien sûr, nous n’avons pas la même histoire, et nous n’avons pas vécu tous vos bouleversements, mais la première année avec notre fille a été difficile par certains aspects (manque de sommeil, petits maladies, dépression post-partum pour moi, etc….). Du coup, ce projet de seconde grossesse ne s’est pas installé tout de suite, pour nous, comme ça a été le cas pour vous. Et donc, dans cette période étrange d’entre deux grossesses, j’ai au contraire tout fait pour retrouver un équilibre professionnel, familial, physique, de couple, mais aussi dans mes autres activités. J’ai l’impression que nous avons toutes les deux réagi à l’opposé ! 🙂
Merci pour ton témoignage Louna ! Je dois dire que j’aurais initialement pensé vivre les choses comme toi, sans forcément que ça influe sur l’écart d’âge d’ailleurs, mais je pensais sincèrement que je ferait tout pour retrouver un équilibre sur tous les plans. Finalement c’était trop à gérer pour moi, mais cette période de stand-by convenait à ce qu’il me fallait 🙂
Bonjour,
Je n’y avais jamais pensé en ces termes mais effectivement, j’ai ressenti la même chose que toi en ce qui concerne la grossesse. Je n’ai jamais rêvé d’avoir un enfant mais une fratrie, de fait, lorsque mon fils est né, j’attendais avec impatience de pouvoir (vouloir?) tomber enceinte du deuxième. Cela impliquait également que je ne me consacre qu’à mon rôle de maman, que je lette tout sur pause comme tu l’as dit.
Maintenant que le second est là, et parce que la vie fait qu’il n’y en aura plus d’autre, bien que je doive faire le deuil d’une famille, je suis dans une autre dynamique, je me recentre sur moi et mes projets. Je me suis fait ma réflexion récemment que je n’étais pas du tout dans le même état d’esprit que pour le premier.
Je ne sais pas combien vous en voulez, j’imagine qu’avec des jumeaux de toutes façons vous allez vous laisser du temps (enfin je dis ça je projette hein!) mais ça risque d’être différent après cette grossesse. Tu nous diras!
Bises
Merci pour ton commentaire Eofdcjuf ! Du coup, tes enfants ont combien d’écart ? Je pense effectivement que « l’après jumeaux » sera foncièrement différent oui ! Déjà parce que je sais désormais qu’on ne maîtrise rien, et que la vie nous portera. Et puis aussi parce que niveau organisation, ça va être complètement différent : on va gérer un déménagement avec changement de région, la rentrée à l’école de notre grand dans les meilleures conditions possibles, retrouver un travail… Donc ça sera de fait très différent !
Ils ont 22 mois d’écart.
Que de jolis challenges en perspective, tu as raison, on ne maîtrise rien, et parfois, ça soulage de se le rappeler!
Et ben c’est un article très intéressant! Car je ne me suis jamais vraiment posé la question de l’entre-deux grossesses.. surtout entre le 2e et le 3 e. Entre le premier et le 2e, c’était parce que je voyais mon fils jouer tout seul et je ne voulais pas qu’il se retrouve fils unique comme moi j’ai été fille unique. Et puis il voulait un petit frère ou une petite soeur et mon mari un 2e enfant. Pour le 3e, je me suis juste dit « et pourquoi pas? ». Bêtement. Ps: Tu es une très belle femme enceinte ;). Profites bien de ta grossesse :*
Ça doit être chouette aussi de ne pas trop se poser de questions Les choses simples, c’est qu’elles doivent être simples
Apres mon premier bébé qui a eu des soucis à la naissance, ca a été dur de me dire que j’allais vivre ses étapes pour la derniere fois (premier bain, premier sourire…) et avec ma seconde qui a eu les mêmes problèmes, je profite de chaque instant sans regret, ne souhaitant que deux enfants. Puis quand le docteur m’a fortement déconseillé une troisième grossesse, ca m’a fait bizarre. L’interdit intrigue. Je ne saurai jamais… Hier ca l’a fait bizarre de toucher mon ventre tout vide, qui ne servira plus. Je n’arrive pas à prendre rdv pour traiter définitivement ma cicatrice de cesarienne… Une sorte de deuil. Comme l’explique la dame plus haut.
Je ne peux qu’imaginer, quand en gros on ne te laisse pas « le choix » ça remet forcément les choses en question ! J’espère que ça va mieux pour ta pitchoune
Effectivement très joli article, j’ai ressenti la même chose que toi (les soucis en moins) après la naissance de mon premier, j’étais prête à recommencer immédiatement. On a decidé que ne voulait pas trop d’écart entre les deux donc on s’est remis au « travail » assez rapidement mais ça a été beaucoup plus long puisque j’ai mis environ deux ans à tomber enceinte pour choupette donc du coup le « vente vide » je l’ai beaucoup ressenti. Maintenant que choupette est là je ressens moins ce besoin même si j’aimerais encore avoir un enfant mais le grand barbu en a décidé autrement….je pense que pour toi le ressenti de l’après jumeaux sera totalement différente, il faudra que tu nous racontes 😉
Ah tu vois, je ne rencontre que peu de femmes autour de moi qui voulaient retomber enceinte tout de suite, je ne sais pas si c’est pareil pour toi mais je me sentais un peu « isolée » avec ce désir. Effectivement, 2 ans d’attente, tu as du vivre des moments d’attente pas faciles, pas évident comme situation…
Tout d abord merci pour la citation oh la la je suis très touchée (tu fais partie des grandes blogueuses que j admire alors je me sens toute flagada 😉 ). Moi l entre-deux j y suis encore malheureusement 😉 . Comme toi j ai un peu mis ma vie sur pause, pas cherché à remuscler mon ventre ni à obtenir des changements professionnels (tu sais déjà tout ca)… J ai reporté pas mal de choses à cet après BB2, y compris une petite opération que j attends pourtant impatiemment, comme si mes enfants allaient par paire. Pour le moment je ne regrette pas, j ai l espoir que 2017 nous apporte enfin ce petit deuxième. En revanche je dois dire que ca altère mes envies de BB3 je crois, car je ne sais pas si je pourrais mettre ma vie en pause si longtemps justement.
Non mais c’est ta faute aussi, quasiment tous tes articles me font beaucoup beaucoup cogiter, alors forcément 😉 Tu sais, je ne sais pas si tu vivras la même sensation de « pause » entre un bébé 2 et un bébé 3 si il doit y en avoir, chaque grossesse est tellement différente, on ne passe pas toujours par les mêmes étapes je suis sûre ! Je vous souhaite tout le meilleur pour 2017 et ce petit deuz’ à venir <3
J’ai moi aussi voulu retomber enceinte assez rapidement après mon premier accouchement. J’avais la sensation que nous n’étions pas au complet. Et puis j’avais très envie de connaître à nouveau la joie de découvrir un test de grossesse positif! La joie d’avoir choisir un prénom (d’ailleurs j’ai hâte de savoir comment tu vas appeler les jumeaux, connaissant ton bon goût ;’)
Je suis heureuse pour toi ♡
C’est marrant ça, je n’ai pas eu la même sensation de « ne pas être au complet », je crois que c’était plus personnel que lié à notre famille… Tu crois que ton accouchement a joué aussi ?
J’ai trouvé cet article vraiment intéressant, surtout parce que si j’avais aussi cette envie viscérale d’un second enfant, la vie a fait que je n’ai pas du tout vécu les choses de la même façon. Grâce à mon amie la précarité qui ne veut pas nous lâcher, pour moi ça a été une looooongue attente avant de pouvoir « m’autoriser » une autre grossesse (qui au final m’a coûté mon job, et le retour à la précarité, joie – mais aucun regret). Puis ma vie professionnelle n’ayant pas vraiment commencé avant ma première grossesse, j’avais quand même cette grooooosse frustration perso à évacuer. Puis je voulais un peu d’écart entre eux, puis le temps que mon aîné ne soit plus un bébé, ben la situation était pas top, et voilà 5 ans d’écart (dont 2 à zieuter avec envie tous les bébés que je croisais).
Du coup, assez rapidement après la naissance de mon aîné j’ai fait du sport, repris 100 milliards d’activités, passé mon permis, passé des concours, etc, en me disant que peut-être que je ne pourrais pas avoir d’autre enfant. Ma foi a été un soutien important aussi, car je me disais que ce n’était pas à moi de décider, ça m’a permis de ne pas trop souffrir de l’attente mais de garder l’espérance quand même.
Je suis maintenant d’ailleurs exactement dans le même état, car j’ai envie d’un troisième et que raisonnablement, ça sera pas avant 2020 si tout se passe bien avec mon nouveau job que j’ai même pas encore signé le contrat…
Bref pour moi ces envies d’enfants, ce sont vraiment des « combats », des fois je me dis que je suis complètement dingo de me stresser sur ce troisième alors que déjà la deuxième ne fait pas encore ses nuits et que je suis épuisée !!! (c’est un peu l’opinion de mon mari qui n’est pas pressé lui).
Tu nous diras si c’est toujours aussi viscéral après des jumeaux 😉
J’imagine que ça doit être plus que frustrant que de remettre à + tard un projet bébé pour des raisons matérielles… En même temps, difficile de faire autrement, c’est logique, mais ça a du être des moments difficiles à vivre… Je dois dire que j’avais peur que l’attente des résultats génétiques nous repousse de beaucoup notre envie, là finalement ça a été « relativement » rapide, mais déjà je n’aimais pas avoir cette contrainte de l’extérieur qui me semblait inopportune. Sauf qu’elle était importante, et qu’il fallait bien s’y faire…
Alors comme d’habitude j’ai lu ton article avec grand intérêt ! J’ai toujours eu envie d’avoir au moins deux enfants. Mon Loulou est un enfant qui a été désiré très très fort. Ma grossesse s’est passé comme un charme. Une grossesse rêvée ! Pourtant, je n’ai plus envie de connaître cette sensation. D’autant plus lorsque j’ai appris que j’étais porteuse d’une anomalie génétique. Si elle n’a aucune incidence pour moi, elle en a pour mon fils et en aurait pour mes autres enfants. Nous vivons toujours des moments difficiles aujourd’hui, même si les moments heureux sont tout de même plus nombreux. Mais je ne me vois pas recommencer. Je ne veux plus ressentir cette atroce douleur de dormir loin de mon bébé. Et puis, je n’arrive pas à me dire que j’arriverai à aimer un autre enfant autant que j’aime mon fils. Il me comble de bonheur. C’est peut-être aussi parce que j’ai peur au fond de moi des sentiments que je pourrai avoir, de faire une différence entre les deux (surtout si mon deuxième n’avait pas de problème de santé). Et puis il y a la conception de cet autre enfant. Nous serions quasi obligé de passer par un diagnostic pré-implantatoire et donc une FIV et que je n’ai pas envie d’une grossesse hyper-médicalisée. Alors, j’ai rangé mon rêve d’avoir une famille plus grande et je me contente de l’immense bonheur que m’apporte mon fils. C’est peut-être égoïste car il grandira seul (enfin sans frère ou soeur) mais en même temps, j’ai moi même deux frères qui ne sont absolument plus présents dans ma vie. Au moins, mon fils ne connaîtra pas ce genre de déception. Bref, un tout autre avis que ceux exposés. La sensation de « ventre vide » s’est ressentie très longtemps et douloureusement. Je ne suis pas assez courageuse pour revivre tout ça. Même si je vous envie un peu
Je ne peux qu’imaginer ce que tu ressens Vanina ! Je pense que quand on a vécu une épreuve pareille, ça parait logique de ne pas vouloir s’y replonger. Même si chaque grossesse a son propre chemin, je comprends que tu ais peur de ce « risque ». Je t’avoue que pour cette nouvelle grossesse, j’ai beaucoup cloisonné mon esprit pour essayer d’écarter au maximum mes peurs, mais j’ai quand même parfois la drôle de sensation de jouer à la roulette russe…
Je trouve que ton article est décidément très juste. Moi aussi, depuis la naissance de mon fils, je sais qu’il y en aura d’autre. D’ailleurs, parfois, quand j’ai vécu des choses difficiles, je me disais « il me prépare pour les autres » tout en ne culpabilisant pas vraiment parce que c’est un tel soleil que je pense qu’on devait se rencontrer lui et moi, il devait me faire grandir.
Il aura bientôt 18 mois et on a décidé de s’offrir l’été avant de s’atteler à la réalisation du deuxième. Un été pour nous, pour moi, pour prendre un peu de temps à trois. Mais mon ventre, lui, n’attend que ça. Je me rends compte que cela fait déjà bien un an que je pense à cet automne 2017 où je lancerai le deuxième. Que tout en ayant un petit, je rêvais déjà du deuxième, je fantasmais déjà les nouveaux petits pieds, le nouvel accouchement (j’ai adoré mon accouchement donc évidement, ça aide). Depuis sa naissance, je n’ai jamais été qu’un entre-deux 🙂
C’est tellement une sensation particulière, je te comprends ! Comme tu dis « le ventre n’attends que ça », c’est très juste ! Quand même une drôle de sensation…