“Il y en a deux”

A peine 3 jours après mon test positif, j’ai déjà rendez-vous à l’hôpital avec mon gynéco pour discuter du plan de bataille des mois à venir 😉 L’avantage de vivre une grossesse surmédicalisée on va dire hein. Je ne pensais pas avoir un rendez-vous aussi vite, ça me rassure pas mal. Je m’installe face à mon gynéco, je lui annonce la bonne nouvelle et… je demande comment ça va se passer pour moi maintenant ! On a plusieurs choses à discuter, pas toujours très fun, et une fois ce debriefing passé on passe à l’écho, soyons fou, allons voir ce qui se passe là dedans.

J’avais déjà eu une première échographie précoce pour mon fils, à 6 semaines environ, mais là j’en suis à peine à 3. Donc je ne m’attends pas à voir grand chose que je sois capable d’interpréter. Et pourtant… Avant même qu’il ne prononce son “il y en a deux”, j’avais compris. Les deux poches, parfaitement visibles à l’écran. Mon cerveau qui court-circuite une demi-seconde, puis je dis direct “je le savais…” (un jour je vous parlerais de mon intuition, ok ?). Le gynéco, un peu interloqué, me regarde “ah ? Une intuition ou une crainte ?”. “Les deux mon capitaine” que je lui réponds. Il continue son petit ballet sur mon ventre, pour voir en détail les deux poches. Je distingue un embryon dans l’une seulement, mais un petit mouvement de la sonde et le deuxième apparaît. Ok. Pas de doute. Ils sont deux.

Je me suis rhabillée dans un état second.
J’ai le droit à quelques explications, je découvre déjà des mots barbares comme “grossesse gémellaire bichoriale biamniotique” et apparemment c’est bon signe car c’est le type de grossesse gémellaire “le plus simple”. Même si on n’en est qu’au début de la grossesse, et qu’il m’explique les particularités (et donc les risques un peu plus accrus), il est vraiment optimiste. Ce qui me rassure finalement, car il connait mon histoire, je sais qu’il ne dit pas tout cela à la légère.
Mais en vrai, je n’écoute plus trop ce qu’on me dit à ce moment là. Il me pose une question qui n’a rien à voir, et je lui réponds “Mais il n’y a aucun jumeaux dans ma famille, aucun”. Je pense que j’ai du le dire deux fois. Sa réponse, très pince sans-rire… “Et bien maintenant il y en a”. Il me demande si je veux une photo de l’écho, je lui dis que oui car sinon mon compagnon ne va jamais me croire !

Je me retrouve au soleil, sur le parking de la maternité. Je suis hébétée. Je ne voulais tellement pas de jumeaux, ça me faisait si peur. Et pourtant. Je suis là, avec ma seconde grossesse, si heureuse de ce petit deuxième qui pousse dans mon ventre… et dans lequel finalement le petit troisième s’est aussi déjà invité. Je me dis que la vie décidément souhaite me montrer que dans cette histoire de maternité, je ne maitrise rien.

Je passe un coup de fil à l’homme, pour lui dire de me récupérer en voiture quelques minutes plus tard. Il me dira après qu’il a été un peu étonné que je ne lui en dise pas plus au téléphone sur mon rendez-vous, mais bon. Il arrive, il est pressé, il faut qu’on aille chercher fiston à la crèche. Je lui demande d’attendre 2 minutes, et je lui tends la photo. Il bloque. “…, il y en a deux ?”. Les larmes aux yeux tous les deux. Un moment suspendu.

Je ne vous explique pas les montagnes russes d’émotions qui ont suivi.
Il m’a fallu un peu de temps pour accepter la situation.

Je savais que cette nouvelle grossesse allait de nouveau bouleverser nos vies, nous le voulions très fort. Mais imaginer que ça serait à ce point…
“Il y en a deux”.